Patrimoine familial et histoire hauterivoise

Nous sommes dans la Drôme des Collines au milieu du XIXè siècle. Au nord de ce département, un petit village au nom d’Hauterives est réputé pour un étrange monument. Une construction d’au moins douze mètres de haut qui sortira de terre au début du XXè siècle. Dans ce récit, nous nous arrêterons sur le patrimoine familial de ma compagne possédait puis sur l’histoire locale. En attendant nous allons faire le tour de ce village qui comptait pas moins de 2 580 personnes en 1851.

Hauterives, village de la Drôme des Collines

Autrefois nommé Alta-Ripa au XIIIè siècle ou Alterives au XVIIè siècle, Hauterives est niché dans la vallée de la Galaure, rivière qui traverse la ville d’est en ouest. Située à 26 km de Romans-sur-Isère et 80 km de Lyon, Hauterives est une petite ville limitrophe du département de l’Isère et au porte de l’Ardèche qui se trouve à l’ouest. Elle est entourée par la ville de Chateauneuf-sur-Galaure, Moras-en-Valloire ou bien Tersanne. Située entre 250 et 500m d’altitude elle s’étend sur 30 km2.

Localisation de Hauterives (26) – Google Maps

Au niveau de la démographie, en 1793, Hauterives comptait 1643 habitants. 58 ans plus tard on enregistre une augmentation de 57% ! soit 2580 habitants en 1851. Si on prend la population en 1809 soit 58 ans après, elle était d’environ 1740 soit une diminution de 32%. Et la population continue de baisser pour atteindre en 1968, 1123 habitants. On peut calculer une diminution de 35%. Ce n’est qu’à partir de 1975 qu’on enregistre une hausse et elle va continuer jusqu’en 2017 pour atteindre 1895 personnes, soit 68% d’augmentation. Source Wikipedia.

Vue aérienne du village – Côte 120 Fi 25 – Archives départementales de la Drôme

Naissance du patrimoine familial

Nous sommes en 1849 dans le beau village d’Hauterives, le 10 janvier à 19h naquit Charles Jean BRENIER dans le domicile de Jean BRENIER et Marie Rose FANTIN dans le quartier des Girauds. Ils se sont mariés à Hauterives le 18 novembre 1841. Jean était cultivateur et agé de 33 ans, Marie Rose, sans profession était agée de 22 ans.

Naissance de Charles Jean Brenier – Côte 5 Mi 53/R15 – Archives départementales de la Drôme

Charles Jean, cultivateur, s’est marié deux fois au cours de sa vie. Il s’est marié à 27 ans avec Marie Pauline BROTTIER, domestique, le 26 octobre 1876 à Hauterives. Malheureusement sa première épouse décède le 28 mars 1878 à Hauterives à l’âge de 26 ans. Trois ans plus tard c’est avec Marie Louise Angelique NIVON, ménagère, qu’il s’est marié le 15 mars 1879 à Hauterives. Ci-dessous le contrat de mariage. De cette union naît Jean Joseph BRENIER le 25 novembre 1879 à Hauterives.

Crédit photo Jérôme LADET – Contrat de mariage Côte 2 E 24694 – Archives départementales de la Drôme

Charles Jean possédait plusieurs parcelles dans le sud/sud-est du village, on peut voir qu’il était propriétaire de parcelles comme des taillis, prés, vignes, des « sols à maison », …

Côte 3 P 1047 – Archives départementales de la Drôme

Notre propriétaire est décédé le 15 mars 1908 à l’âge de 41 ans à Hauterives. Son épouse quant à elle décède le 2 février 1915 à l’âge de 68 ans aussi à Hauterives.

Je n’ai pas retracé les futurs propriétaires des parcelles que possédait Charles Jean. Je vais plus m’atarder sur d’autres propriétés bâties/non bâties de ses ascendants.

Le début d’un chef d’œuvre

Au printemps 1879, un facteur un peu étrange faisait sa tournée dans le village d’Hauterives, il parcourait 30 kilomètres chaque jour. Cet homme s’appelait Ferdinand Cheval, il est né le 19 avril 1836 à Charmes-sur-l’Herbasse, village non loin de Hauterives.
Il faisait des rêves, de palais, de château et de grottes. A l’âge de 43 ans alors qu’il distribuait le courrier aux habitants, il trébucha sur une pierre bizarre et il eut l’idée de concrétiser son rêve.

Pendant 33 ans, il construit son palais avec des pierres de différentes tailles et essentiellement de la chaux. Il bâtit le monument devant les yeux de sa femme et de sa fille Alice, rempli d’admiration. Cette dernière décède brutalement en 1894, Ferdinand est beaucoup affecté par cette perte. Il nomme sa maison qu’il a construit à côté de son palais Villa Alicius, en hommage à sa fille.

En 1914, après la construction de son palais, il bâtit dans le cimetière communale, son tombeau. En france, il est interdit de se faire inhumer dans son terrain à part se faire incinérer. La construction s’est achevé en 1922. Il décède le 19 août 1924 à l’âge de 88 ans sans son fils et sa femme qui sont décédés bien des années auparavant.

Vue aérienne du palais idéal du facteur Cheval – 5 Fi 253 – Archives départementales de la Drôme

Changement de quartier

Nous revenons un peu en arrière et nous changeons de génération. Nous nous attardons sur le fils de Charles Jean qui est né le 25 novembre 1879 à Hauterives, Jean Joseph BRENIER. Il est parti rejoindre l’armée le 16 novembre 1900 et la quitte le 10 novembre 1928. Il s’est marié le 22 mai 1908 à Hauterives, à l’âge de 28 ans, avec Marie Augusta ARNAUD, couturière, âgée de 19 ans.
Ci-dessous l’entête de la fiche matricule militaire avec une description physique et l’état civil de Jean Joseph.

Côte 1 R 209 – Archives départementales de la Drôme

Les archives départementales de la Drôme ont d’autres documents intéressants comme les cartes du combattant qui ont été numérisés. Ci-dessous la carte de Jean Joseph avec sa photo ! Elle a été délivrée le 24 septembre 1929 à Valence.

Côte 1920 W 103 – Archives départementales de la Drôme

Mais à part l’activité militaire de Jean Joseph BRENIER, on a aussi les traces d’une propriété qu’il possédait. Ce bien n’est rien d’autre qu’une maison dans le village qui faisait 2 ares et 41 centiares soit 241 m².

Côte 3 P 1049 – Archives départementales de la Drôme

Nous apprenons dans la fiche matricule qu’il exerçait la profession de charron. Il avait donc un atelier dans le village sur la parcelle 852 section B.
Ci-dessous les évolutions de la parcelle sur plus d’un siècle de 1878 à 1975 et jusqu’à maintenant.

Côte 3 P 3400/4 – Archives départementales de la Drôme
Côte 2058 W 4418, 2058 W 477 – Archives départementales de la Drôme
Google Maps

Jean Joseph est décédé le 23 décembre 1964 et sa femme en 1966 à Hauterives. Nous allons voir qu’ils ont laissé à leur enfant la parcelle.

Mutations dans la famille

Propriétés non bâties

Du mariage de Jean Joseph BRENIER et de Marie Augusta ARNAUD, nait Jean Marius BRENIER le 11 novembre 1908 à Hauterives. Il était militaire de profession, sergent au 2ème bataillon de l’Ain à Istres puis commandant. Jean Joseph s’est mariré le 7 juillet 1936 à Marmande (47) à l’âge de 27 ans avec Aline Maria Aimee GERARD-GATEAU, sans profession, âgée de 22 ans. Il y a une particularité dans ce mariage, car ils ont le même arrière-grand-père maternel. Ce dernier, Auguste ARNAUD, a eu deux enfants Paul ARNAUD et Jules ARNAUD qui ont eu à leur tour une fille qui étaient les mères de nos mariés.

Dans la catégorie des propriétés non bâties, deux parcelles sortent du lot, B852 et B70. Cette dernière est un terrain situé à l’ouest de la ville, à proximité du village. Nous retrouvons aussi la parcelle située au coeur du village.

Crédit photo Jérôme LADET – Propriétés non bâties Côte 3 P 1052 – Archives départementales de la Drôme

La première mutation a été faite sur une personne dont je ne peux communiquer les détails en 1966, seulement 300 m² ont été mutés sur les 5416 m².

La deuxième mutation dans la même année est sur la même fiche, Jean Marius n’a gardé que 5116 m² de terrain, surement suite au décès de sa mère.

La troisième mutation concerne la propriété dans le village, elle a été mutée sur la fiche 176 en 1970. On observe sur cette mutation le détail de la surface de la parcelle soit 110 m² de sol et 131 m² de cour soit la totalité comme décrit plus haut.

Propriétés bâties

Crédit photo Jérôme LADET – Propriétés bâties Côte 3 P 1050 – Archives départementales de la Drôme

Quant aux propriétés baties, détaillons un peu les lignes de cette fiche.

Il y a eu une entrée de la fiche 458 en 1943 (ligne 4) qui provient de Jean Alexandre CHARRIER qui acquit la propriété de la parcelle B70 en 1928. Ensuite il y a eu une sortie l’année d’après sur la fiche 495. Sur cette dernière fiche, il y a eu une mutation de 1944 à 1966, je ne peux pas en parler ici pour cause de confidentialité.

On peut voir la sortie sur la fiche 565 en 1967 de la parcelle B 852 (ligne 1) surement au décès de Jean Joseph BRENIER. Cette sortie a été faite sur Paul Auguste BRENIER, frère de Jean Marius BRENIER.

En ligne 3, une abréviation inconnu apparaît en 1933 sur la parcelle B852, « BB ».

Enfin il y a eu sur la dernière ligne du folio, une révision du bâti (RB). Comme en 1921, sur la même parcelle, surement lié à la fiche 155 (propriétés non bâties) de la côte 3 P 1052 (ligne 2).

Jean Marius est décédé le 1er septembre 1980 à Lyon, il a été inhumé avec ses parents au cimetière d’Hauterives. Sa femme quant à elle est décédée en 2000 à Hauterives et sera également inhumée au cimetière d’Hauterives à côté de son époux.
Ci-dessous la sépulture de la famille.

Photo issu de geneanet.org – Cimetière d’Hauterives

Conclusion

Arbre généalogique de Jean Marius BRENIER

Ecrire une histoire n’est pas choses aisée mais il suffit de se lancer, commencer par un paragraphe et les mots prennent le relai. C’est une première pour ma part de raconter, sous forme d’histoire, les recherches effectuées. A part les documents d’état-civil, j’ai pu découvrir d’autres documents tout aussi passionnants. Ce qui est formidable dans la généalogie c’est qu’on peut laisser libre cours à son imagination pour vivre à côté de ses ancêtres. Peut être, est-il temps de commencer à écrire des rendez-vous ancestraux (#RDVAncestral) …

Jérôme LADET, généalogiste professionnel, a fait la plus part des recherches aux archives départementales de la Drôme. Je tiens à le remercier pour son travail et sa disponibilité.

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